Depuis le décès de sa majesté Nohoue Nouhoue Mama endécembre dernier, les habitants de Nkon Yambeta vivent dans l’agitation et la discorde, plongeant l’arrondissement de NkonYambeta, situé dans le département du Mbam et Enoubou, région du Centre du Cameroun, dans une période d’incertitude et de tensions.
La chefferie de 2e degré du canton Yambeta se retrouve dans une situation délicate après la disparition de sa majesté Nohoue Nohoue Mama, laissant le trône vacant et suscitant des désaccords au sein de la population. Comme à l’accoutumée, un successeur devait être désigné pour remplacer Sa Majesté de décédé il y a plusieurs mois. Seulement jusqu’à ce jour, le siège qu’occupait le défunt est toujours vide.
Le processus de sélection du successeur, considéré comme un moment crucial et empreint de mysticisme, a été minutieusement orchestré. Le fils du défunt étant inapte à occuper ce poste, les membres des différentes contrées ont porté le choix ailleurs. Réunis en un comité restreint de 13 membres, la famille régnante a dû faire un choix parmi les descendants en tenant compte de critères physiques tels que l’appartenance à la lignée, le charisme et une certaine notoriété. Les critères paranormaux, eux, ont été gardés secrets, seuls les initiés étant en mesure d’en comprendre la portée. C’est ainsi que Nohoue Adong Éric a été désigné par la commission comme successeur de Sa Majesté.
Cependant, le choix ainsi fait a été brusquement remis en question par un tiers, venant semer le trouble au sein de la communauté. Ce tiers a tenté de corrompre l’autorité locale en lui offrant une somme d’argent conséquente pour influencer le processus de désignation du nouveau chef. Cette manœuvre a provoqué l’indignation au sein de la famille et a jeté un voile de suspicion sur l’intégrité de la procédure.
Babedabe Nohoue, chef de famille, exprime son inquiétude face à cette situation : « Nous ne comprenons pas pourquoi cette personne s’oppose à notre choix. Est-il nécessaire pour lui de quitter Bafia pour venir prendre la place du chef dans notre village où nous, les enfants du défunt, vivons ? Cette situation nous perturbe profondément. Nous nous sentons comme un peuple privé de son droit à s’autodéterminé et de sa dignité. »
Les accusations ne se sont pas arrêtées là. Une ombre de corruption plane sur l’autorité administrative locale, accusée d’avoir cédé aux tentatives de pots-de-vin de ce prétendant illégitime au trône de la chefferie. Selon les dires de Babedabe, ce dernier aurait proposé des pots-de-vin conséquents pour faire obstacle à toute contestation et faire prévaloir sa propre légitimité.
“Ce prétendant a affirmé qu’il verserait une somme de 7 millions de francs CFA à chaque fois que nous porterions plainte contre lui, afin que notre dossier soit rejeté. Il dispose de moyens financiers que nous n’avons pas. Il doit comprendre que la chefferie n’est pas à vendre”, déclare Babedabe, soulignant la gravité de la situation.
Une autre source de discorde évoquée est l’appartenance politique du prétendant. La famille de Sa Majesté craint que son affiliation à un parti ne soit pas du goût de l’autorité locale, qui le perçoit comme un membre du camp politique adverse. Cette dimension politique vient s’ajouter aux tensions préexistantes, compliquant davantage la résolution de ce différend.
Face à cette situation complexe et aux enjeux multiples, les habitants de Yambeta ont décidé d’interpeller Paul Atanga Nji, Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, pour garantir l’intronisation du chef désigné, restaurer l’ordre et ramener la paix au sein de leur communauté. Le retour à au calme doit être impératif sachant qu’une telle issue pourrait entraîner auprès du peuple Yambetta des graves frustrations aux conséquences dramatiques.
Patricia Angonemane
