Depuis son accession à la présidence en 1982, Paul Biya a marqué l’histoire du Cameroun par un long règne, souvent sujet à débat. Trente ans plus tard, le bilan de son régime se révèle complexe, oscillant entre réalisations et échecs.
1. Stabilité Politique ou Autoritarisme ?
Sous Paul Biya, le Cameroun a connu une stabilité politique relative, surtout comparée à d’autres pays de la région. Cependant, cette stabilité a souvent été critiquée pour son caractère autoritaire. Les élections sont fréquemment entachées d’accusations de fraude, et l’opposition fait face à des restrictions. La gestion des crises, notamment celle des mouvements sécessionnistes dans les régions anglophones, a également suscité des préoccupations sur le respect des droits humains.
2. Développement Économique : Des Promesses Non Tenues
Malgré une richesse naturelle considérable, le Cameroun n’a pas réussi à transformer cette richesse en développement économique durable. Les promesses de diversification de l’économie et d’amélioration des infrastructures sont restées largement inachevées. La corruption endémique et la mauvaise gestion des ressources ont freiné la croissance. Le pays est souvent classé parmi les plus corrompus au monde, ce qui nuit à l’attractivité des investissements.
3. Infrastructures et Services Publics
Les avancées dans les infrastructures, notamment dans les transports et l’énergie, sont visibles, mais souvent inégales. Des projets ambitieux ont été lancés, mais le manque d’entretien et de planification a conduit à des dégradations rapides. Les services publics, en particulier dans le domaine de la santé et de l’éducation, souffrent de sous-financement et d’une gestion inefficace, laissant de nombreux Camerounais sans accès adéquat à ces services essentiels.
4. Éducation et Emploi
Le système éducatif, bien que largement accessible, est souvent critiqué pour sa qualité. Le chômage, en particulier parmi les jeunes, demeure un défi majeur. Les politiques d’emploi mises en place n’ont pas réussi à répondre aux attentes d’une population en pleine croissance, ce qui alimente le mécontentement social.
5. Réponses aux Crises Sociales
Le régime de Paul Biya a été confronté à plusieurs crises sociales, allant des mouvements estudiantins aux grèves dans le secteur public. Les réponses du gouvernement ont souvent été perçues comme répressives, exacerbant les tensions plutôt que de favoriser le dialogue.
Le bilan du régime de Paul Biya depuis 1982 est marqué par une dualité : d’un côté, une certaine stabilité politique et des infrastructures en développement ; de l’autre, une gestion critiquable, des violations des droits humains et une corruption persistante. Alors que le pays se tourne vers l’avenir, il est impératif d’évaluer ces décennies avec un regard critique pour envisager un changement véritable et durable.
Christelle Laure NDOUMBA
