De 2021 à 2023, les hommes en tenue ont arraché le pouvoir dans quatre pays de la partie occidentale du continent. Une réalité qui mettrait en mal la démocratie en Afrique ? Décryptage.
En boucle, l’actualité en Afrique et à l’international fait part des nouvelles du Niger suite à l’intervention des militaires aux commandes depuis le 26 juillet 2023, date à laquelle a été renversé Mohamed Bazoum, l’ex chef d’État. L’action des hommes en tenue nigériens, inclus dans le bouleversement des institutions, s’est s’ajoutée aux autres coups d’états militaires en Afrique de l’Ouest enregistrés ces trois dernières années. Les cas du Mali du 24 mai 2021, de la Guinée Conakry du 5 septembre 2021 et du Burkina Faso du 30 septembre 2022, traduiraient-ils une supériorité des armes sur le pouvoir institutionnel ? « En psychologie des foules, la réception hospitalière et euphorique des discours de défiance de Paris, des renversements de politiciens alignés et leur remplacement numérique par des hommes forts ; souvent parés d’un discours anticolonial, ultranationaliste (…) sonne au sein de la jeunesse comme la réalisation d’une prophétie de libération messianique de la caverne coloniale ». Siméon Roland Ekodo Mveng, homme politique et écrivain camerounais, se penche sur les raisons des coups d’états militaires applaudis par les populations des pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans le même temps, il explique l’assentiment populaire pour les militaires par « l’échec des politiques publiques, la prégnance des scandales de corruption et la non tenue des promesses de campagnes ». Les citoyens exposés aux menaces des groupes djihadistes et à la pauvreté, imaginent des solutions à leurs problèmes sans tenir compte de la démarche. Néanmoins, ce cadre de la municipalité, redoute que l’on assiste dans les années à venir, sur tout le contient, à une perte de la démocratie au profit des régimes dictatoriaux. « Avec le renouveau Sankariste (Assimi Goïta, Ibrahim Traoré…) proche de la Russie et l’adoubement populaire des putschs, il est fort à parier dans un horizon proche, que tous les États en Afrique deviennent des bureaucraties militaires et tournent définitivement le dos à la démocratie électorale et aux gouvernements civiles ». Malgré les sanctions sous régionales, continentales et internationales contre les pays de l’Afrique de l’Ouest dirigés par les putschistes, les coups d’états s’intensifient dans la région. La présence des militaires au pouvoir oppose le bloc des mondialistes aux altermondialistes.
William Omer Tchuisseu
